Formation professionnelle : Suspension du BTS en santé au Cameroun

Partagez cet article:

Formation professionnelle : Suspension du BTS en santé au Cameroun

Le Brevet de Technicien Supérieur (BTS) option Santé vient d’être suspendu au Cameroun. Cette décision gouvernementale, prise conjointement par le ministère de l’Enseignement Supérieur (MINESUP) et le ministère de la Santé Publique (MINSANTE), est intervenue à la suite d’une réunion tenue le vendredi 16 août 2024. Elle marque un tournant dans la formation des professionnels de la santé au Cameroun.

La suspension du BTS en santé survient après une polémique déclenchée par l’Ordre des professionnels médico-sanitaires du Cameroun. Cet ordre, par la voix de sa secrétaire générale, a déclaré que les détenteurs de ce diplôme n’étaient pas habilités à exercer dans le secteur médico-sanitaire, car ils n’avaient pas été formés sous l’autorité du ministère de la Santé Publique. Selon cette institution, la qualité des formations délivrées par les établissements sous la tutelle du MINESUP ne répondrait pas aux standards exigés par le secteur de la santé publique au Cameroun.

Un diplôme controversé

Le BTS, diplôme de niveau Bac+2, est depuis longtemps perçu comme une passerelle vers le monde professionnel, offrant une formation technique et pratique aux étudiants dans plusieurs domaines, dont la santé. Toutefois, dans le secteur médico-sanitaire, cette certification suscitait des interrogations, notamment sur l’adéquation entre le contenu des formations et les exigences de la pratique médicale au Cameroun.

L’Ordre des professionnels médico-sanitaires avait déjà exprimé des préoccupations quant à la reconnaissance des diplômés en santé formés par des institutions académiques n’appartenant pas au système de santé publique. La question de la compétence des détenteurs du BTS en santé avait conduit à une vive controverse au sein de la communauté médicale et des étudiants concernés.

Un monopole pour le ministère de la Santé Publique

Lors de la réunion conjointe du 16 août 2024, il a été décidé que seul le ministère de la Santé Publique serait désormais habilité à former les professionnels du secteur médico-sanitaire au Cameroun. Cette décision confère au MINSANTE le monopole sur la formation des infirmiers, sages-femmes, techniciens de laboratoire, et autres métiers de la santé.

Cette centralisation des formations dans le domaine de la santé vise à garantir un niveau de compétence adéquat pour les professionnels évoluant dans le secteur public et privé. En effet, la santé étant un domaine sensible et crucial pour le bien-être des populations, les autorités estiment qu’une formation rigoureuse et encadrée est nécessaire pour assurer des soins de qualité.

Des répercussions sur les étudiants et les établissements privés

La suspension du BTS en santé a suscité des réactions contrastées. Pour de nombreux étudiants inscrits dans ces filières, cette décision a généré inquiétude et frustration. Beaucoup se retrouvent dans une impasse, ne sachant pas si leur parcours académique sera reconnu ou s’ils devront se réorienter.

Les établissements privés offrant cette formation sont également touchés. En effet, ces institutions, qui fonctionnaient sous la supervision du MINESUP, doivent désormais repenser leurs offres pédagogiques. L’enjeu est de taille, car de nombreux établissements avaient investi dans des infrastructures et des partenariats pour dispenser ces formations. Désormais, ils devront obtenir l’agrément du MINSANTE pour continuer à former des professionnels de la santé, ou se tourner vers d’autres filières non liées à ce secteur.

A LIRE : Réforme de la formation en santé au Cameroun : Mesures de régularisation pour les étudiants en cours et diplômés

Un avenir incertain pour les diplômés

Quant aux détenteurs actuels du BTS en santé, leur avenir professionnel reste flou. La déclaration de l’Ordre des professionnels médico-sanitaires stipule clairement que ces diplômés ne sont pas habilités à exercer, faute de formation sous l’égide du ministère de la Santé Publique. Cela pose la question de la reconnaissance de leurs compétences et de leur intégration dans le marché du travail.

Les autorités n’ont pour l’instant pas précisé si des mesures transitoires seront mises en place pour permettre aux diplômés actuels de régulariser leur situation. L’une des options envisageables serait de proposer des formations complémentaires ou des équivalences sous la supervision du MINSANTE, mais aucune annonce officielle n’a encore été faite en ce sens.

Les réactions du public

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, les réactions à cette décision sont nombreuses. Certains saluent cette initiative, estimant que la centralisation des formations en santé sous l’autorité du ministère compétent garantira une meilleure qualité des soins. D’autres, notamment les étudiants et leurs familles, critiquent la suspension, y voyant une décision précipitée qui laisse les jeunes professionnels dans l’incertitude.

« J’ai passé deux ans à étudier pour obtenir ce diplôme, et maintenant on me dit qu’il n’a plus de valeur. Que vais-je faire ? » s’interroge Clarisse, une étudiante en BTS Santé.

Les associations d’étudiants ont également exprimé leur mécontentement et appellent les autorités à revoir leur décision ou, à tout le moins, à proposer des alternatives pour les étudiants déjà engagés dans ces programmes.

Cliquez ici pour télécharger le communiqué final MINSUP MINSANTÉ

Partagez cet article:

Abonnez vous à notre newsletter pour recevoir nos dernières publications dans cette catégorie 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut