Harcèlement sexuel à l’Université de Douala : Le Pr Simon Clotaire Mintoume suspendu pour abus sur des étudiantes

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Harcèlement sexuel à l’Université de Douala : Le Pr Simon Clotaire Mintoume suspendu pour abus sur des étudiantes

L’Université de Douala est secouée par un scandale de harcèlement sexuel impliquant l’un de ses cadres les plus influents. Le 17 octobre 2024, le Pr Simon Clotaire Mintoume, chef du département de Communication et maître de conférences, a été suspendu de ses fonctions pour des accusations graves de harcèlement sexuel envers plusieurs étudiantes. La suspension, à durée indéterminée et à titre conservatoire, a été actée par une note signée par Magloire Ondoa, recteur de l’université.

Cette décision est le résultat d’une enquête interne menée suite à plusieurs plaintes déposées par des étudiantes ayant fait preuve de courage en dénonçant des abus répétés. Selon les témoignages recueillis, le Pr Mintoume se serait servi de sa position d’autorité pour faire pression sur ses victimes, les menaçant de manipuler leurs notes académiques si elles ne se soumettaient pas à ses avances.

Des témoignages accablants

Les récits des étudiantes trahissent un schéma de comportement profondément troublant. L’une des victimes, Lisa Rosita, ancienne étudiante en communication à l’Université de Douala, a partagé son histoire avec le magazine Horizoncamer. Selon son témoignage, elle avait rencontré le Pr Mintoume dans le cadre d’une requête pour des problèmes de notes. Elle raconte que le professeur l’avait immédiatement ciblée, l’invitant à revenir à des heures inhabituelles où les locaux de l’université étaient presque déserts.

À partir de ce moment, le comportement du Pr Mintoume est devenu de plus en plus intrusif et déplacé. Dans son bureau, il lui aurait demandé de s’asseoir sur ses genoux, la complimentant sur son apparence physique et tentant de la toucher de manière inappropriée. Malgré ses refus, le professeur aurait persisté, insinuant que pour régler ses problèmes de notes, elle devait “faire ce qu’il fallait”.

Le témoignage de Lisa Rosita révèle également les tentatives de chantage du Pr Mintoume, qui aurait manipulé ses résultats académiques pour exercer une pression continue sur elle. “Il m’a dit que si je voyais que j’étais inscrite en niveau 3, c’est parce que je savais ce que je devais faire”, a-t-elle déclaré. Lorsque Lisa a refusé ses avances, elle a été pénalisée dans ses résultats et a dû passer les examens de rattrapage pour valider ses semestres.

Un comportement récurrent et systémique

Les témoignages d’autres étudiantes corroborent celui de Lisa. Le Pr Mintoume aurait agi de manière similaire avec plusieurs autres jeunes femmes, utilisant son poste pour exercer son influence et assouvir ses désirs inappropriés. Cette situation a provoqué un profond traumatisme chez les victimes, certaines ayant abandonné leurs études ou quitté le pays pour échapper à ses abus.

Une ancienne étudiante, sous couvert d’anonymat, a expliqué avoir subi des avances similaires : “Il m’a demandé de revenir à des heures tardives où le département était vide, me faisant comprendre que si je voulais que mes notes soient ajustées, je devais lui accorder certaines faveurs”. Ce climat de peur et de chantage a poussé les étudiantes à se méfier de lui, certaines allant jusqu’à enregistrer secrètement leurs conversations pour se protéger.

Les réactions de l’université

Face à la gravité des faits rapportés, l’administration de l’Université de Douala a réagi rapidement en prenant des mesures disciplinaires contre le professeur. La suspension conservatoire du Pr Simon Clotaire Mintoume a été présentée comme une première étape, en attendant que les enquêtes approfondies fassent la lumière sur l’étendue de ses agissements.

Le recteur de l’université, Magloire Ondoa, a réitéré son engagement à protéger les étudiantes et à garantir que l’université reste un espace sûr pour tous. “Nous ne tolérerons aucun comportement contraire à l’éthique et à la déontologie universitaire”, a-t-il déclaré dans un communiqué. Il a également encouragé toutes les victimes d’abus à se manifester et à porter plainte, assurant que des mesures de protection seraient mises en place pour les soutenir.

Cependant, cette affaire a mis en lumière les failles du système universitaire en matière de prévention et de gestion des cas de harcèlement sexuel. Les étudiantes dénoncent un manque de structures adaptées pour rapporter ces incidents et la crainte de représailles, qui les a souvent dissuadées de s’exprimer plus tôt.

Les réactions de la société civile et des étudiants

Cette affaire a provoqué un vif émoi au sein de la communauté estudiantine et de la société civile camerounaise. Des organisations de défense des droits des femmes ont exprimé leur indignation et appellent à une révision des procédures de signalement des cas de harcèlement dans les universités. “Il est inadmissible que des étudiantes soient contraintes de subir de tels abus dans le cadre de leur formation”, a déclaré une porte-parole de l’ONG Femmes et Justice.

Les étudiants de l’université, choqués par les révélations, se sont également mobilisés pour exprimer leur soutien aux victimes. Plusieurs manifestations ont eu lieu sur le campus de l’Université de Douala, où les étudiants réclament des sanctions exemplaires contre le Pr Mintoume et une réforme des mécanismes de signalement des abus.

Un besoin de changement systémique

Cette affaire de harcèlement sexuel à l’Université de Douala soulève des questions plus larges sur la gestion des abus de pouvoir dans les institutions d’enseignement supérieur au Cameroun. Si la suspension du Pr Mintoume constitue une première réponse aux actes dénoncés, il est désormais impératif que des mesures structurelles soient mises en place pour prévenir de tels abus à l’avenir.

Les appels à l’instauration d’une cellule d’écoute indépendante se multiplient, afin de permettre aux étudiantes de rapporter les incidents de manière anonyme et sans crainte de représailles. Il est également suggéré que des formations obligatoires sur le harcèlement et les relations éthiques soient instaurées pour le personnel universitaire, afin de créer un environnement académique plus respectueux et sécurisé.

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