Le Cameroun : un acteur clé de la production de blé en Afrique centrale ?
Le Cameroun semble bien engagé sur la voie pour devenir un pilier majeur de la production de blé en Afrique centrale. Cette dynamique est particulièrement soutenue par l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), qui œuvre pour le développement de nouvelles variétés de semences adaptées aux conditions locales. En parallèle, le pays a intensifié ses essais de cultures de blé au Tchad et au Gabon, et prévoit d’étendre ces initiatives aux autres pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), selon le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi).
Un potentiel agroécologique exceptionnel
Le Cameroun bénéficie de plusieurs atouts qui renforcent sa position de leader potentiel dans cette filière. Parmi ces avantages, le pays est le seul de la sous-région à posséder cinq zones agroécologiques distinctes, offrant ainsi une grande variété de conditions climatiques et de sols. Selon Eddy Ngankeu, expert en agriculture, ces spécificités permettent au Cameroun de produire des semences de blé pouvant être utilisées dans les autres pays de la Cemac, faisant ainsi du pays un centre de référence pour la production de blé.
Retour d’expérience et renouveau de la filière blé
La production de blé au Cameroun n’est pas une nouveauté. Dès 1975, la Société de Développement du Blé (Sodeble) a été créée à Wassande, dans la région de l’Adamaoua. À son apogée, cette initiative a permis de produire jusqu’à 10 000 tonnes de blé par an. Cependant, après des difficultés économiques, la société a fermé ses portes. Malgré cet échec, le Cameroun n’a pas abandonné l’idée de relancer la culture du blé. Depuis plusieurs années, les autorités camerounaises ont réorienté leurs efforts vers la recherche et la production de semences adaptées aux conditions locales.
L’IRAD, principal acteur de cette relance, a développé une cinquantaine de variétés de blé. Ces semences sont actuellement testées sur environ 300 hectares à Wassande, et l’objectif est d’atteindre une maîtrise totale de la chaîne de valeur du blé dans les années à venir. Une telle autonomie permettrait de réduire la dépendance du pays aux importations, qui coûtent chaque année plus de 250 milliards de FCFA à l’État.
Une culture de blé désormais possible partout
Le progrès dans la production de blé au Cameroun ne se limite pas à la région de l’Adamaoua. Des expérimentations menées par le Pr. Christopher Tankou à l’Université de Dschang, notamment à Melan, dans la commune de Fongo Tongo (région de l’Ouest), ont montré que la culture du blé pouvait s’adapter à différentes régions du pays. De plus, une vingtaine de variétés de blé ont été mises au point et peuvent désormais être cultivées dans diverses zones agroécologiques.
En outre, le calendrier agricole, élaboré par l’Observatoire National sur les Changements Climatiques, inclut désormais la culture du blé dans les trois principales zones agroécologiques du Grand Sud. Cette diversité permet de cultiver du blé sur une large partie du territoire national, avec des rendements variant entre 2,5 et 4 tonnes par hectare en seulement trois mois, à condition de respecter les bonnes pratiques agricoles.
Une stratégie pour l’avenir
Cette évolution représente un réel tournant pour l’agriculture camerounaise. L’objectif de devenir un acteur clé dans la production de blé en Afrique centrale repose sur plusieurs leviers : l’amélioration des semences, l’extension des zones de culture, et la réduction de la dépendance aux importations. À terme, cette dynamique pourrait non seulement renforcer la sécurité alimentaire de la région, mais aussi générer des opportunités économiques importantes pour les agriculteurs camerounais.
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